Russe : La Gazette Slave

Les fêtes de janvier en Russie

Publié le lundi 12 décembre 2016 18:55 - Mis à jour le mardi 6 février 2018 12:35

Beaucoup de Russes et de nombreux Slaves orientaux fêtent un Noël et deux jours de l'an : Nouvel An (1er janvier), Noël orthodoxe (7 janvier), "Vieux" Nouvel An (14 janvier).

Beaucoup de Russes et de nombreux Slaves orientaux fêtent un Noël et deux jours de l'an :
Nouvel An (1er janvier), Noël orthodoxe (7 janvier), Nouvel An "ancien" (14 janvier).

Voici pourquoi.

D'où vient l'habitude de fêter le début de la nouvelle année ? C'est la seule date qui reste du calendrier basé sur les travaux agricoles qui existait chez lez Slaves anciens. A partir du Xe siècle, le Nouvel An fut célébré le 1 mars au début des travaux de printemps. Cinq siècles plus tard, il fut déplacé au 1 septembre, le jour où ces travaux prenaient fin. C'est le décret de Pierre le Grand du 19 décembre 1699 qui déplaça une nouvelle fois la fête au 1 janvier du calendrier julien, alors en vigueur, sur un ton qui paraît aujourd'hui humoristique : "Etant donné qu'en Russie, tout le monde célèbre le Nouvel An de façon différente, ce jour-là il faut arrêter de prendre la tête aux gens et dater partout le début de la nouvelle année au 1er janvier, et la fête est de mise - il faut souhaiter une bonne année à tout le monde, le succès dans les affaires et le bonheur familial. En l'honneur du Nouvel An décorer les sapins, amuser les enfants, les promener en traîneaux, et les adultes ne doivent pas boire ni se battre, il y en a assez d'autres journées pour ça".

(Histoire liée au Nouvel An) Il y a bien longtemps, Morok, le dieu du froid, se déplaçait dans les villages et envoyait le gel. Pour essayer de se protéger du froid mordant, les villageois mettaient des cadeaux sur leurs fenêtres: bliny, kissiel, biscuits, koutia. Petit à petit, le méchant Morok s'est transformé en gentil Ded Moroz (Père Gel) qui apporte les cadeaux lui-même. Snegourotchka, fille de Ded Moroz et de Vesna (la déesse de printemps), l'accompagne dans cette mission.

Bien que le calendrier grégorien soit officiel en Russie, les Russes célèbrent aussi "l'ancien Nouvel An" le 14 janvier (1er janvier du calendrier julien).

En ce qui concerne les plats traditionnels du Jour de l'An, leur nombre n'est pas fixé. La majorité prépare le salade "Olivier", "Harreng en fourrure", des plats à base de viande etc.

 

Une autre fête qui est très populaire en janvier. 
Sviatki - 7(8) - 19 janvier

Du 7 (8) janvier à 19 janvier, ce sont les Sviatki, la période festive. Les éléments le plus connus de cette période sont koliadovanie (chant des koliadki avec la récompense des chanteurs) et la divination. La tradition de la divination s'explique facilement si on sait que selon les croyances, la frontière entre le monde des dieux et celui des humains est ténue pendant le solstice, et il est plus simple de recevoir la réponse des dieux si on s'adresse à eux pendant cette période.

Actuellement les Sviatki représentent un mélange de rites païens et de croyances orthodoxes: par exemple les déguisements, destinés à chasser les mauvais esprits, très actifs pendant les fêtes, mais il fallait se purifier (laver la souillure des déguisements) avec le l'eau bénite une fois les fêtes terminées.

Koliadovanie

Le rite de koliadovanie (du nom du dieu Koliada) vient de la coutume païenne de conjurer les esprits malins. Il était destiné à ce que le blé pousse et que le bétail se multiplie, qu'il y ait l'abondance dans la maison et le bonheur dans la famille.

Ce sont surtout les jeunes qui chantaient les koliadki (chansons festives). Ils se déguisaient en mettant des masques, des fausses barbes de lin et des manteaux en fourrure. Quatre garçons portaient l'effigie de jument en paille, sur laquelle on asseyait un adolescent déguisé en petit vieux avec une très longue barbe. Les autres se déguisaient en vache, bouc, cheval, chat, grue, renard, cochon et autres animaux. La chèvre symbolisait le dieu Koliada, et la caresser portait bonheur - la personne déguisée en chèvre était fort sollicitée!

Les groupes des chanteurs allaient d'une maison à l'autre, et chaque groupe portait sur un bâton une étoile  à 6 ou 8 branches en papier argenté. Parfois on mettait à l'intérieur de cette étoile une bougie allumée. Dans chaque groupe il y avait une personne chargée d'un sac où on récoltait les dons. Les chanteurs s'arrêtaient devant les fenêtres ou entraient dans la maison, s'ils y étaient invités, et demandaient la permission de chanter les koliadki au maître de maison. D'habitude les chanteurs étaient accueillis avec honneur, et ils étaient récompensés pour leurs chants par des cadeaux préparés d'avance. Le contenu des koliadki était varié, mais ils avaient un point commun: ils souhaitaient aux maîtres de maison généreux une bonne récolte, la multiplication du bétail, une bonne santé, en les remerciant pour les cadeaux. Aux maîtres de maison avares, on destinait toute autre sorte des koliadki, en leur souhaitant la sécheresse et autres problèmes.

Que recevaient les chanteurs en récompense? Des biscuits spéciaux en forme d'animaux domestiques, de la nourriture (saucisson, lard salé, pains d'épice),  et parfois de l'argent.

Les chants terminés, les chanteurs se ressemblaient dans une izba où ils faisaient le repas commun et partageaient les cadeaux. A la fin des réjouissances, il fallait faire rouler une roue en flammes sur une colline en disant: "Monte en haut, reviens avec le printemps"

 

Pratiques de divination

Deux nuits étaient considérées comme particulièrement propices à la divination: du 13 au 14 janvier et du 18 au 19 janvier. Les fantômes et les mauvais esprits grouillent dans la rue en guettant leurs proies, alors personne ne dort. Les jeunes filles, désireuses connaître leur avenir, font de la divination par différents moyens, les jeunes gens se déguisent pour faire peur aux filles...

Comme ces pratiques étaient réprouvées par l'église, la divination se pratiquait vers minuit.

Comment faisaient-elles pour interroger l'avenir? Voici quelques-unes de leurs méthodes.

Verser la cire

Prendre une bougie (pas forcément en cire, la paraffine fera l'affaire), la casser en petits morceaux et la mettre dans une cuillère métallique. Chauffer la cuillère sur une autre bougie jusqu'à ce que les morceaux fondent. Ensuite prendre une bassine avec de l'eau froide et verser le contenu de la cuillère d'un seul coup. Ensuite il faut faire travailler son imagination : à quoi ressemble la cire durcie? Un peu comme le test Rorschach...

Les ombres

Une autre méthode qui demande de l'imagination. Brûler une feuille de papier froissée sur une soucoupe, et ensuite faire projeter l'ombre de la feuille sur le mur à l'aide d'une bougie. A quoi cette ombre ressemble-t-elle? C'est à vous de l'interpréter...

Un anneau dans l'eau

Prendre un verre avec le fond bien plat, sans dessins, verser 3/4 d'eau et poser avec précaution un anneau bien nettoyé au centre. Ensuite il faut fixer le milieu de l'anneau à travers l'eau. Avec un peu de chance, on pourra y voir le visage du futur fiancé.

Jeter une chaussure

Sortir du village et jeter la chaussure gauche devant soi. Où la pointe sera tournée, de ce côté viendra le futur fiancé. Si la chaussure pointe vers le village - pas de mariage cette année-là pour la propriétaire du soulier...

Jeu des miroirs

Divination

Minuit passé,  fixer un miroir verticalement sur la table et disposer autour douze bougies allumées - elles doivent constituer le seul éclairage de la pièce.Prendre un autre miroir, deux à trois fois plus petit que le premier, et s'asseoir devant le grand en lui tournant le dos. Obtenir le reflet du grand miroir dans le petit, de sorte qu'un couloir de reflets interminable apparaisse, et en scruter les profondeurs en essayant de voir le visage du futur fiancé. Et si on voit quelque chose, il faut dire le mot magique "tchour" pour se protéger des mauvais esprits, et détourner le petit miroir.

Avec un coq

Répandre sur le sol les graines comptées. A minuit, apporter un coq et le lâcher par terre. Plus il mangera de graines, plus l'année à venir sera heureuse et profitable. Inutile de dire que vous avez intérêt à ne pas lui fournir un dîner copieux avant minuit!

Avec un petit bateau

Prendre une bassine remplie d'eau à moitié. Fixer sur les bords les petites feuilles de papier sur lesquels les participants écrivent leurs noms et leurs voeux. Ensuite il faut confectionner un bateau avec une coquille de noix, placer dedans une bougie allumée et laisser le bateau flotter dans la bassine. Si en passant la bougie du bateau enflamme un ou plusieurs papiers fixés au bord, les voeux de ces personnes se réaliseront.

Le prénom de futur(e) fiancé(e)

Très simple: il faut sortir dans la rue et demander à une femme qui passe de dire un prénom masculin ou à un homme de dire un prénom féminin. Reste à espérer que ce passant ne sera pas un plaisantin qui vous donnera un prénom impossible!

Réalisation d'un voeu

Cette méthode relève de l'exploit: préparer une feuille de papier et un crayon. Au moment où l'horloge commence à sonner les douze coups du minuit, il faut écrire le voeu, brûler la feuille, mettre les cendres dans le bocal plein de champagne et boire. Si vous avez réussi, le voeu se réalisera. Courage!

L'aboiement des chiens

Méthode recommandée à ceux qui voudraient se marier avec un ressortissant étranger. Sortir dans la rue à minuit et écouter attentivement. Si vous entendez l'aboiement lointain, c'est bon, votre fiancé vient de loin. Mais si un chien aboie directement sous vos fenêtres, votre fiancé sera de la rue voisine...

La neige

À minuit, jeter la neige à contre-vent. Si elle retombe sur vous, le futur mari sera jeune et vigoureux, et si elle tombe de côté, ce sera un vieillard.

Les rêves

Mettre sous l'oreiller un peigne ou un roi de carré et faire le voeu de voir son fiancé dans le rêve. On verra sûrement quelqu'un en étant bien motivé!

 

Et après tout, que vous y croyez ou pas, ces séances de divination sont surtout un bon moyen de s'amuser entre copines!

 

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